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La vie de Harry Houdini

Harry Houdini : l’homme qui défia les chaînes du réel

Illusionniste, roi de l’évasion et légende vivante de son temps, Harry Houdini est bien plus qu’un nom, il est devenu synonyme de magie. Il fut une icône du XXe siècle, un homme qui s’est littéralement échappé des limites humaines en réalisant des défis toujours plus risqués. Mais derrière les cadenas, les caisses immergées et les chemises de force, qui était vraiment Houdini ? Retour sur la vie fascinante de cet artiste hors du commun.


De Budapest à New York : les débuts d’un fils d’immigrés

Harry Houdini, de son vrai nom Erik Weisz, naît le 24 mars 1874 à Budapest, dans une famille juive hongroise. À 4 ans, il émigre avec sa famille aux États-Unis. Rebaptisé Ehrich Weiss, il grandit dans un quartier pauvre de Milwaukee, puis à New York, où il travaille très jeune pour aider sa famille.

C’est à 9 ans qu’il fait ses premiers tours de magie en public. Passionné d’acrobatie, d’athlétisme et de lecture, il découvre, au fil de son apprentissage de la magie, l’artiste français Jean-Eugène Robert-Houdin, magicien français du XIXe siècle. Ehrich Weiss décide alors d’emprunter le nom « Houdin » et de lui ajouter un « i » final, en guise d’hommage. Ainsi, et pour corriger une confusion courante, Harry Houdini et Jean-Eugène Robert-Houdin sont bien deux personnes différentes, il ne se sont d’ailleurs jamais rencontrées, Houdini étant né en 1874 et Robert-Houdin étant décédé en 1871.


L’inventeur de l’évasion spectaculaire

Dans les années 1890, Houdini commence sa carrière de prestidigitateur. Il peine au départ à se faire un nom, jusqu’à ce qu’il découvre un domaine qui fera sa légende : l’évasion.

Son coup de génie ? Se faire enfermer avec des menottes et des chaînes, dans des coffres, et réussir à en sortir en public. Il défie la police dans chaque ville, demandant à être fouillé, ligoté, et enfermé sous haute sécurité… pour mieux s’en échapper. 


Parmi ses plus célèbres exploits on peut citer :

  • L’évasion d’une chemise de force suspendu la tête en bas à plusieurs mètres du sol.
  • La sortie d’un coffre jeté dans une rivière glacée.
  • L’évasion d’un caisson métallique plongé sous l’eau, sans air.
  • Sa célèbre cellule de torture chinoise à eau (Chinese Water Torture Cell), où il est suspendu tête en bas dans un réservoir rempli.


Houdini devient rapidement une star, remplissant les théâtres en Europe et aux États-Unis.



Un maître de la communication… et de la controverse

Houdini ne se contentait pas de faire des tours : il savait se vendre. Il utilisait la presse à merveille, lançait des défis publics, organisait des spectacles gratuits dans les commissariats ou dans la rue.

En septembre 1900, Houdini fut convoqué par la police allemande avant sa première représentation dans le pays, car celle-ci soupçonnait que son numéro était truqué. Par la suite, à Berlin, il fut déshabillé complètement et contraint d’exécuter une évasion devant 300 policiers. Houdini était étroitement entravé à l’aide de « vis de pouce, verrous pour les doigts et cinq types différents de menottes pour les mains et les coudes ». Il réussit à s’en libérer en six minutes, exploit qu’il utilisa ensuite dans sa publicité.

En 1901, un journal de Cologne l’accusa d’avoir tenté de soudoyer un policier pour truquer une évasion, ainsi que d’avoir payé un employé civil de la police pour l’aider lors d’une autre prestation. Houdini porta plainte pour diffamation contre le journal et le policier. Lors du procès, il dut ouvrir sans outils un cadenas fait main par le policier, ce dernier ayant affirmé qu’Houdini avait tenté de le corrompre pour obtenir la clé. Houdini réussit l’épreuve et remporta le procès.


Un acteur de cinéma

Dès qu’il découvre le cinéma, Harry Houdini se passionne très vite pour cet art, souhaitant ajouter à la liste de ses compétences celle de devenir acteur. Il tourne ainsi dans plusieurs films qui verront le jour.

En 1918, il tourne la série The Master Mystery, ce qui l’amène à signer avec Paramount pour deux longs-métrages : The Grim Game (1919) et Terror Island (1920). Lors d’un tournage, un accident d’avion spectaculaire, filmé en direct, est utilisé comme argument publicitaire. Longtemps considéré comme perdu, The Grim Game est finalement restauré et diffusé par Turner Classic Movies en 2015.

Houdini fonde ensuite sa propre société de production, Houdini Picture Corporation, et tourne The Man from Beyond (1921) et Haldane of the Secret Service (1923). Il lance aussi un laboratoire de développement de films, mais ni ses films ni son entreprise ne rencontrent le succès. Il abandonne le cinéma en 1923, déçu par le manque de rentabilité.


Le combat contre les spirites

Après la mort de sa mère (à laquelle il était très attaché), Houdini se met à fréquenter les médiums et les spirites, espérant communiquer avec elle. Mais il est vite désillusionné. Ce qu’il découvre ? Des tricheries, des trucages, du charlatanisme.

Houdini devient alors un militant anti-spiritisme. Il consacre ses dernières années à démasquer les faux médiums, en utilisant ses connaissances de magicien pour révéler leurs astuces. Il publie des livres, donne des conférences, entre en conflit avec des personnalités comme Sir Arthur Conan Doyle, fervent spirite.



L’acteur, l’auteur et le patriote


Houdini ne s’arrête pas à la magie. Il :

  • Joue dans plusieurs films muets où il interprète des héros casse-cou.
  • Publie des livres sur la magie, l’évasion et la fraude spirite.
  • Participe à la Première Guerre mondiale en aidant l’armée américaine à enseigner aux soldats comment se libérer de liens ou d’enfermements.
  • Fonde une compagnie de cinéma et une école de magie.


La fin d’un artiste

Harry Houdini meurt le 31 octobre 1926, à l’âge de 52 ans. Officiellement, il succombe à une péritonite due à une appendicite non traitée, mais des rumeurs ont circulé sur un éventuel coup fatal porté à l’abdomen lors d’un défi.

En effet, quelques jours avant sa mort, le 22 octobre, alors qu’il se trouvait dans sa loge au Princess Theatre de Montréal, un étudiant du nom de Jocelyn Gordon Whitehead lui aurait donné plusieurs coups violents à l’abdomen, sans que Houdini ait eu le temps de se préparer.

Après cet incident, Houdini continua de jouer malgré de fortes douleurs et de la fièvre. Il fut finalement hospitalisé à Detroit, après avoir perdu connaissance lors d’un spectacle. Malgré une intervention médicale tardive, il décéda d’une infection abdominale.

Bien qu’il ne soit pas certain que les coups aient directement provoqué sa mort, certains pensent qu’ils ont aggravé une appendicite déjà présente. Son assurance vie conclut cependant que l’incident en coulisses était lié à sa mort, et versa une double indemnisation.

Jusqu’à la fin, Houdini avait promis qu’il essaierait de revenir d’entre les morts s’il le pouvait, en laissant un code secret à sa femme pour authentifier tout message “de l’au-delà”. Chaque année, des séances spirites ont été organisées… sans succès.


Presque un siècle après sa mort, Houdini reste une légende vivante, et est cité par beaucoup comme l’un des grands artistes de son temps.

Gérard Majax