Avez-vous déjà entendu parler des « images subliminales » ?
À la fin des années 1950, James Vicary, publicitaire américain, prétend que la présence d’images subliminales stipulant « Drink Coca Cola Eat Pop corn » (en français, « Buvez du Coca Cola Mangez du Pop corn ») dans le film Picnic de Joshua Logan, a massivement augmenté la consommation de ces produits par les spectateurs.
À l’époque, la presse, les publicitaires et le grand public y voient la démonstration du pouvoir de manipulation des images subliminales : le recours à ce procédé est interdit en 1958 aux États-Unis, en Australie et en Angleterre.
Dans le même temps renaît l’intérêt pour le subliminal. Plusieurs équipes de scientifiques, pour en avoir le cœur net, tentent de reproduire l’expérience de Vicary… mais sans succès !
En 1962, le publicitaire avoue alors avoir fabriqué cette rumeur à des fins promotionnelles. Trop tard : le mythe est né, même si l’efficacité des images subliminales est encore débattue.
Aujourd'hui, on parle encore d'exposition subliminale quand « une information est présentée de telle sorte qu'elle est traitée par notre système perceptif et cognitif, sans pour autant qu'elle soit consciente, même si l'on focalise son attention pour la détecter. »
Je me souviens d’un très bon épisode de la série télévisée Columbo, tourné en 1973 (épisode 4 de la saison 3, intitulé Subconscient) dans lequel le meurtrier va utiliser les images subliminales afin d’assassiner sa victime, et sera finalement piégé par le célèbre inspecteur par la même méthode !
Des photos subliminales sont donc au cœur de cette affaire, dans le crime comme dans sa résolution, et ce fut la première fois que j’entendais parler de ce procédé, qui je dois bien l’avouer m’a fasciné !
Dans la série était expliqué qu’un message subliminal est un message parvenant à nos sens mais n'allant pas jusqu'à notre conscience. Seul notre inconscient peut le voir et le stocker.
Par exemple, dans un film, si une image est glissée au montage, le spectateur ne s’apercevra de rien à cause du défilement trop rapide du film.
L’insertion d’images subliminales dans un film, une vidéo ou une publicité de 24 images par seconde revient donc à en ajouter une 25e qui, à la vitesse de projection normale, apparaîtra à l’écran pendant quelques millisecondes seulement, soit trop peu pour que l’œil humain la détecte.
Mais le cerveau, lui, peut réagir. Il a été prouvé que les contenus subliminaux (images, mais aussi textes) produisent des effets sur l’activité cérébrale et sont capables, dans une certaine mesure, d’influencer nos émotions et nos choix.
Des expériences menées en laboratoire, montrent qu’il est possible que des visages ou des objets présentés de manière subliminale et répétée renforcent l’attitude, positive ou négative, à l’égard de ceux-ci. Cet impact est toutefois subtil, et ne saurait nous faire aimer ou détester subitement quelqu’un, ou nous donner envie de consommer un produit que l’on n’apprécie pas.
Tout au plus, le choix d’une boisson peut-il être orienté pendant un court moment, si nous avions au préalable envie de boire.
En d’autres termes, plus une décision est prise sur la base d’une réflexion longue, comme l’achat d’un logement, moins il y a de place pour les comportements automatiques associés à l’utilisation du subliminal.
En réalité, ce que j’avais trouvé fascinant dans ces images subliminales n’était pas tant le pouvoir d’augmnter les ventes d’un produit ou de truquer une élection, ni la volonté de faire agir quelqu’un contre sa volonté, mais plutôt de le laisser se persuader d’une idée.
Ainsi la question que nous pouvons nous poser en magie est comment laisser un spectateur se persuader de l’existence d’un élément ou de la véracité d’une idée, sans avoir à faire quoi que ce soit ?
Par exemple, comment lui faire supposer que notre jeu de cartes est à dos rouge ?
Souvent notre réflexe est de le lui faire examiner consciencieusement, quitte à effectuer ensuite un change de jeu.
Pourquoi pas, c’est une possibilité, mais certainement pas en lui précisant « Regardez que les cartes sont bien différentes les unes des autres, que leur dos n’est pas marqué, qu’elles ne sont pas biseautées, qu’elles sont bien toutes à dos rouge etc. »
D’abord parce que cela sous-entend au spectateur qu’il peut être truqué et surtout que son ignorance en la matière ferait qu’il ne pourra peut-être pas le détecter.
Peut-être faudrait-il alors montrer avec un mélange hindou que tous les dos sont bleus (afin de cacher qu’ils sont rouges) : mais montrons-nous un jeu habituellement quand il est réellement à dos rouge ?
Ne serait-il pas plus intéressant de montrer simplement un étui rouge, de sortir le jeu naturellement en flashant un dos rouge, et de focaliser sur les faces (sous le prétexte de votre choix), en ne disant rien de particulier au sujet du jeu de cartes ?
De retourner ce jeu face en haut et de peler les cartes faces en l’air, quitte à mélanger les cartes de face, à flasher de temps en temps un dos en reposant le jeu face en bas sur la table.
Pourquoi voulez- vous que le public pense une seconde que les dos des autres cartes puissentêtre d’une autre couleur ?
Ainsi c’est notre gestuelle, notre attitude qui va créer l’image subliminale : le jeu EST rouge !
Sans doute connaissez-vous les tours suivants : « La Carte Caméléon » ou « Mon Copain Imprimeur » de Dominique Duvivier qui sont pour beaucoup basés sur ce principe.
En effet, on sent dans son travail que ce dernier a énormément travaillé sur cette idée (si vous avez déjà vu ses spectacles, vous avez dû vous en rendre compte à quel point c’est vrai, et à quel point c’est efficace !), et nous avons la chance qu’il ait beaucoup abordé ce sujet dans ses articles, interviews, conférences, entretiens, podcasts etc. Je ne peux que vous encourager à vous y plonger, si le sujet vous intéresse.
Sachez enfin qu’une image subliminale peut également être sonore. Par exemple, si vous posez quatre cartes face en bas sur la table et que vous en retournez brièvement deux faces en haut en les nommant, et que vous nommez la troisième mais sans la montrer au public (vous êtes le seul à la voir), les spectateurs auront le souvenir d’avoir vu cette carte.
A vous de jouer maintenant : comment pouvez-vous amener votre public à supposer quelque chose qu’il croira réel (une phrase, un geste, une attitude, un son, une odeur etc.), c’est-à-dire à le laisser SE convaincre lui-même !
Enfin, même si vous n’utilisez pas cette « technologie subliminale », pourquoi ne pas l’utiliser dans votre scénario, en expliquant au public de quoi il s’agit, avant de révéler une prédiction, par exemple !